HISTOIRE DU VILLAGE

PRÉ-histoire

Aux environs de 2500 ans avant J.C., des hommes ont habité les bords du torrent du Rivet, affluent nord de la rivière de Maraize, sur la commune du Saix. Une concentration de ces fragments : bouts de lames, de faucilles, pointes de flèches, racloirs, mais aussi nombre d’éclats, attestent la présence de plusieurs lieux de taille et d’utilisation du silex le long de ce ruisseau. On en trouve également, plus épars, à Barnèche (Barnenche), sur le passage qui autrefois, conduisait à Oze par le Sarret.

De la période suivante, une hache en pierre polie a été retrouvée près des rives du Rivet, ainsi que des hachettes celtiques, de nombreux objets en bronze, dans un tumulus de l’âge de bronze abritant également des bracelets et un collier en perles d’ambre, découvert aux Eyssagnières. Enfin, à Barnèche, une tombe datée de 400 ans avant JC, dévastée par un labour, a révélée un matériel funéraire digne d’une princesse : magnifiques bracelets de bronze chevronnés, collier de perles d’ambre, pendeloque et fragment de torque (collier rigide) en fer…

ÉPOQUE ROMAINE

De nombreuses tuiles plates et des vestiges de canalisations en terre, des débris de poterie, des sigillées, des pièces de monnaie datant de Gallien, de Maximin et de Faustine, retrouvés dans les environs du cimetière actuel à St Vincent, attestent la présence d’habitations durant la période romaine. Le nom « Le Saix » proviendrait du mot latin saxum signifiant rocher.

Période franque – Haut Moyen-Âge 

Cette période ténébreuse est marquée par l’abandon, au moins partiel, au moins épisodique, de la villa de St Vincent. L’insécurité déplace la population, qui va rechercher des terres exploitables moins exposées aux agressions extérieures. Or s’offre à elle une vallée surélevée, cultivable car assez large, relativement plate et abritée, qui s’étend de la Grésonnière, en face du Sarret à l’Ouest, jusqu’à Rochefort et l’extrémité de Peyssier à l’Est. Elle constitue un vaste espace fertile au sein d’une véritable forteresse naturelle, ceinte de falaises sur la quasi-totalité de son pourtour, comme un « mini Vercors ». Les habitants, en grande partie sinon en totalité, migrent alors vers ce territoire retiré en altitude, mieux garanti, qui a pu déjà abriter quelques familles fugitives lors des désordres antérieurs.

Plusieurs sarcophages de pierre contenant des squelettes ont été découverts dans l’emplacement du cimetière actuel. La première église y sera construite, sous le vocable de saint Vincent.

Bas Moyen-Âge

La « reconquête » des régions alpines décivilisées et déchristianisées après les « grandes Invasions » amène, dans les années 980, l’installation d’un chef, Reynier, venu par la vallée de la Drôme et envoyé par le Comte de Die, qui s’installe avec ses hommes sur le territoire allant de la Bâtie Montsaléon jusqu’à Peyssier et les falaises de Céüze. Il comprend Villelongue et Plan du Bourg, Chabestan, Le Saix, Oze, Richardet, Chateauneuf, Chatillon le Désert et Clausonne. Sa seigneurie, « majeure », prend le nom de « Val d’Oze », dont il est le « baron » : Reynier d’Oze. La première localisation d’Oze et de son premier château baronnial, cœur de la seigneurie du même nom, se situe en face du Sarret, sur le collet bordant le Pic de St-Ponçon. Dans les archives notariales, des textes du XV° siècle citent fréquemment « Ozela-Vieille », au pied du Pic de St Ponçon.

Dans les archives notariales, des textes du XV° siècle citent fréquemment « Ozela-Vieille », au pied du Pic de St Ponçon. Là se trouve l’explication du nom de « Sous-Oze » en face du Sarret, qui a toujours intrigué par l’éloignement par rapport au village actuel d’Oze. Reynier, lorsqu’il fonde la seigneurie majeure de la Val d’Oze peu avant l’an Mil, fortifie le pic de St Ponçon ou établit son premier château sur Tré Maroua. Ce premier siège de la « Val d’Oze » garde l’accès des terres élevées et naturellement fortifiées de la Grésonnière à Peyssier. C’est là que les populations « du bas » qui ont fui la vallée se sont réfugiées au cours des temps terribles des « Invasions ». Car symétriquement, à l’autre extrémité de ce territoire, la montagne de Rochefort abrite elle aussi un « castrum » protégeant un village à Peyssier, dont la population est alors importante.

Au XIIe siècle est érigée sur la « Citadelle » une tour carrée, premier château donné par le Baron Reynier d’Oze à un vassal – qui se nommera alors « du Saix »  –  qui en fera « l’une des seigneurie les plus importantes de la Val d’Oze » (Chanoine Allemand). Cet édifice sera étendu au XIVe, et les fortifications comprendront trois tours rondes supplémentaires. A la même époque l’Abbaye de Clausonne, petite fille de l’Abbaye de Boscodon voit le jour en 1185. Au XVe siècle, la seigneurie est achetée par la famille Gruel, dont un membre est tué à la bataille de Verneuil, et dont un autre sera président du « Parlement du Dauphiné » à Grenoble puis conseiller du roi Louis XI. Elle conservera la seigneurie jusqu’en 1770.

L’époque moderne

Le 8 mai 1573 le seigneur de Gruel, dirigeant l’armée catholique, est défait par les troupes protestantes de Montbrun et Lesdiguières qui détruisent le château sur la citadelle, le village qui s’est construit autour, avant d’infliger le même sort à l’abbaye de Clausonne. De Gruel fait alors construire (fin XVIe) la « Seigneurie », belle bâtisse trônant au haut du village. Au début du XVIIe siècle (vers 1605), l’église actuelle est érigée, et devient l’église paroissiale en remplacement des églises St-Vincent (au cimetière) et Ste-Catherine (à côté du château) disparues.

La veille de Noël 1682, un immense incendie détruit « la moitié des quartiers des habitants et celui du Baron dudit Lieu ». Puis entre le 30 Août et le 15 Septembre 1692, les troupes du Duc de Savoie envahissent le village. La plupart des vieilles maisons en pierres du village actuel datent de la reconstruction qui a suivi ces destructions. L’Abbaye, suite à la visite de l’évêque en 1712, voit son chœur reconstruit pour servir d’église paroissiale à la communauté de Clausonne, tandis que la nef est reconvertie en ferme. Son prestige perdure, puisqu’une procession y est organisée chaque année jusqu’à la Révolution.

Les premières références à la scolarisation des enfants du Saix datent de 1704.

Jusqu’à nos jours…

C’est au XIXe siècle que la population du village a été la plus importante, fleurtant en 1831 avec les 400 habitants (sans inclure Clausonne). On compte alors de nombreux métiers au village : tisserand, cabaretiers, maréchal-ferrant, sage-femme, « tailleuses », meuniers, scieurs de long, maçons, cordonnier, « voituriers » et bien sûr agriculteurs : propriétaires, mais aussi « domestiques », ou pire « journaliers ». Enfin sont relevés quelques « mendiants ». A la fin du siècle, chaque année des italiens viennent s’installer quelques semaines comme charbonniers dans les forêts de la Commune. Et les jeunes femmes du village accueillent de nombreux enfants placés en nourrice (59 entre 1880 et 1892) depuis Marseille, Paris, La Ciotat, Hyères, Gap, Veynes, ou du sud des Hautes-Alpes.

C’est encore au cours du XIXe siècle que les digues sont construites le long des rives de Poutellier et de Maraize (entre 1837 et 1858). Le torrent de Suzanne sera digué en 1889. Parallèlement dix canaux d’arrosages sont creusés dans la première moitié du XIXe siècle, gérés par les syndicats des agriculteurs riverains, permettant l’irrigation de près de 43 hectares. Certains de ces ouvrages serviront jusqu’en 1973, date de la création du réseau d’aspersion à partir de la retenue artificielle de Peyssier. Des foires agricoles sont organisées chaque année dans le village, de 1843 à 1908, les 5 mai et 17 septembre.

La commune de Clausonne, comptant de moins en moins d’habitants et peinant à se subvenir à elle même, est rattachée à la commune du Saix en 1888 par décision du Préfet et du Conseil Général.

Les travaux communaux se multiplient dans la deuxième moitié du XIXe siècle, et au début du XXe : « égouts des fontaines » en 1860, pont sur Poutellier au bas du village en 1862, tracé de la route actuelle et pont sur le Rivet (avant le Sarret) en 1867, ouverture de la route vers Clausonne dans les gorges du Gouraour de 1870 à 1878, Pont sur Poutellier au nord du village, et ouverture de la route de la Bachassette en 1876 – 1877, construction de l’école de 1900 à 1902, qui était destinée aux filles mais que la jalousie de l’instituteur a finalement fait attribuer à la classe des garçons, arrivée du téléphone en 1923, création du réseau d’adduction d’eau potable de 1925 à 1929, arrivée de l’électricité en 1936, apparition du premier tracteur en 1948…

La Seconde Guerre mondiale ne touche que peu le village jusqu’en 1943. A Clausonne, mais aussi à Barnenche, s’abritent dans les bois ou sous des rochers des hommes venus d’Angers ou des environs, qui se cachent car refusant le STO (service du travail obligatoire) en Allemagne. Ces résistants dissimulent des armes, et des gens du village les ravitaillent.

Le commandant Mauduit organise les réseaux de la région. Il demeure la plupart du temps à Montmaur, où il va côtoyer François Mitterrand. Il vient fréquemment au Saix – où Monsieur Denizot, son secrétaire, prisonnier évadé d’Allemagne, fabrique des faux papiers.

Le soir du 24 Décembre 1943, les maquisards de Clausonne assistent à la messe de minuit dans la petite église du Saix, derrière les gens du village inquiets qui espèrent que les allemands ne débarqueront pas par surprise…

Le 29 janvier 1944, certainement à la suite d’une dénonciation, les allemands font une « rafle » au Saix. Tous les hommes sont emmenés dans l’école, et y passent une grande partie de la journée. Quelques-uns sont emmenés à Gap. Tandis que les maquisards parviennent à s’enfuir, le commandant Mauduit, l’abbé Chalmey et Fernand Pelloux de Clausonne sont, tous les trois, déportés dans les camps d’extermination allemands. Fernand Pelloux y mourra, et Mauduit succombera pendant son retour en France, à la Libération. Quant à l’abbé Chalmey, il revient au Saix en Mai 1945. Il a été libéré trois jours seulement avant son passage programmé en chambre à gaz. Décharné, marqué à vie, il gardera jusqu’à la fin de ses jours les traces visibles de l’enfer de sa déportation. Le jour de son retour, les Saixois l’attendent sur la place du village. Ils vont l’accompagner sur la citadelle, au pied de la statue de la Vierge hissée en 1943 sur un traîneau tiré par des mulets, don d’un réfugié de Lorraine accueilli au Saix au début de la guerre.

➡️ Pour en savoir plus sur le patrimoine et l’Histoire du village, le livre « Histoire du Saix » de Bruno Faure est disponible auprès des Sans Souci ou par mail.